La coupole dans l’église orthodoxe

par Professeur Dr Georges P. Lavas, architecte

Dans le passé, empruntant successivement diverses formes (hémisphérique, conique ou ogivale), la coupole ou la voûte constituait un important élément symbolique de l’architecture chrétienne. Étant aussi un élément architectural très ancien, elle a servi à d’autres cultures et régions pour des édifices sacrés, des tombeaux voire des palais où le souverain était identifié ou lié à la notion de divinité. Elle figure le ciel où, bien sûr, réside l’Être Divin («Notre Père qui es aux cieux»), pour des chrétiens et des fidèles d’autres religions, même de tribus africaines qui croient que «là où est le ciel, là est aussi Dieu». Dans de nombreux cas, le « ciel » dans l’Ancien Testament (I M 2, 37) ou le «Règne des cieux» dans le Nouveau (Mat. 3, 2 et 4, 17) remplace le nom de Dieu qui n’est pas prononcé1.

Cette tradition préchrétienne de savoir et d’expérience, dont la philosophie grecque donne un énoncé scientifique, a aussi mené l’architecture chrétienne à utiliser le cercle et la sphère ou l’hémisphère comme motif de contenu symbolique analogue. Anthémios de Tralles et Isidore de Milet, remarquables ingénieurs et mathématiciens de leur temps, ont mis en pratique la connaissance théorique de Platon, d’Hipparque et d’autres sur le mouvement cyclique des planètes. En se basant sur la tradition empirique et scientifique antérieure, ils ont ainsi réussi à construire, à Sainte-Sophie de Constantinople, l’impeccable dôme hémisphérique, cercle parfait placé sur un carré, les deux corps géométriques «divins» de la pensée platonicienne. Dépassant cependant leurs condisciples plus anciens, par exemple l’architecte qui avait réalisé à Rome le Panthéon, autre sublime voûte hémisphérique de l’Antiquité, les techniciens chrétiens ont réussi un véritable exploit : À la base de la coupole, ils ont ajouté les fenêtres, de sorte que la lumière inonde l’intérieur et dématérialise la masse, exprimant ainsi la théorie du christianisme sur la vie et le cosmos.

LAVAS P. Georges, Architecte, Membre de l’Académie d’Athènes, La coupole dans l’église orthodoxe, dans EPIMELIA S.A. (éd.), « Centre Orthodoxe du Patriarcat Œcuménique — Chambésy Genève. 35 ans au service de l’Église et de la Théologie Œcuménique », Epimelia S.A., Athènes 2003, p. 196.

Références

  1. Cf. PROCOPIOU A. G., Le symbolisme cosmologique dans l’architecture de l’église byzantine, Athènes 1980, p. 110 sq. (en grec).